Voilà le résultat de mes insomnies
J'avais juste envie d'écrire ça, voilà... Et le titre est nul mais je n'avais pas d'idée ! ;p
Les larmes dévalent mes joues. Elles m’étranglent, me nouent la gorge, m’emprisonnent, me blessent à fleur de peau. Elles me brûlent.
J’entends le souffle des autres enfants autour de moi. Demain, ce sera la visite médicale. Demain, la descente aux enfers. Demain, le dur labeur, encore. Maman disait toujours que tant que nous serions en vie, l’espoir resterait. Et puis Maman est partie, elle aussi, dans ces trains ténébreux, et il s’est mis à neiger…
Je déteste la neige. De gros flocons de terreur et d’horreur mélangées, des atrocités crachées par un monstre aux allures d’épouvante au-dessus de nos têtes, maudites par la symphonie muette des pas qui claquent, claquent, claquent, dans mon esprit.
Je ne sais pas lire, mais je sais, je le sens, ce sur quoi je marque est d’une tristesse infinie. Je demandais tous les jours à Maman ce que cela voulait dire, mais jamais elle ne m’a répondu. C’est triste, ça aussi.
Les meurtrissures de mes mains me rappellent encore le travail.
Je les déteste, je les déteste, tous, ces hommes immondes en uniforme, je déteste leur langue aux sonorités si grossières, je les hais, tout simplement, comme Maman les détestait, comme mon Père avant qu’il ne parte loin, lui aussi.
Je me sens si mal… La neige ne peut-elle donc cesser de tomber, de nous ensevelir sous ses bras glacials ?
Soudain, un léger gazouillis. Je me redresse. Il ne faut pas qu’ils me voient ! Mais qu’est-ce qui peu être à l’origine de ce bruit si singulier ? La curiosité me pousse à ouvrir les yeux, à marcher à quatre pattes jusqu’à la fenêtre sans barreaux. Dehors, il fait glacial. La neige s’est tue, enfin, laissant sa terrible marque sur le sol.
Tout me paraît irréel. La pâle lueur de la Lune éclaire le camp. Et là, devant moi…
Un oiseau. Si minuscule qu’il tient dans mon poing. Il bat des ailes, se pose sur mon épaule. Oubli par toutes ses couleurs vives, je souris.
- Tu es si beau… Et tu es libre, toi…
- Quel est ton prénom ? me demande-t-il doucement.
Je ne réfléchis pas à l’incongruité de la situation, et je murmure :
- Je m’appelle Jacob, et toi ?
- Je ne peux te le dire.
Malgré toutes ses belles couleurs, quelque chose me gêne… Ses yeux… Ses yeux ! Mais il enfuit ses magnifiques plumes dans mon cou, et tous mes doutes disparaissent.
- J’aimerai tellement être comme toi, mon ami… je lui souffle douloureusement. Tu vois ces larmes amères ? Tu vois la plaie de mon cœur ?
- Oui, je la vois, et mieux que quiconque.
- Mais alors, as-tu compris ? As-tu compris, seulement, ce que je ressens ?
- Oui. Suis-moi, fais-moi confiance…
Il fiche ses yeux dans les miens.
- Oui, tu es si beau que je ne peux rien te refuser…
L’oiseau a un petit rire, s’envole.
- Rattrape-moi ! Viens jouer avec moi !
Je souris, et puis, m’harassant à poursuivre l’animal, je me mets à rire. Adieu mes larmes, un bonheur infini les remplace.
Il se pose sur le rebord de la fenêtre, je bondis vers lui, et il s’éloigne encore…
Je n’ai cessé de rire.
*
Un corps, désarticulé. Personne n’y fait attention, personne. Personne n’a un regard pour cet enfant de sept ans, qui a les lèvres figées dans un sourire grimacé, le visage baignant dans le sang pourpre, lequel la mort a fauché…
Et personne, oui, personne, ne remarque la plume qu’il serre entre ses doigts fins...
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Alors, vous avez compris ?